L’actualité du Liver Meeting, novembre 2021

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Novembre 2021

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L’actualité du Liver Meeting

Le bulletin infohep de ce mois-ci résume les nouvelles essentielles du Liver Meeting (Congrès sur les maladies du foie), le congrès annuel de l'American Association for the Study of Liver Diseases (AASLD), qui s'est déroulé en ligne du 12 au 15 novembre.

La réponse immunitaire aux vaccins Pfizer et Moderna contre le SRAS-CoV-2 est plus faible chez les personnes atteintes d’une cirrhose du foie

Marco Verch. Creative Commons licence.

Une étude italienne a observé une réaction tardive et sous-optimale aux vaccins Pfizer ou Moderna contre la SRAS-CoV-2 chez les personnes atteintes d’une cirrhose du foie, par raport aux personnes en bonne santé.

Les personnes atteintes d'une cirrhose décompensée présentaient des réponses immunitaires nettement plus faibles que celles atteintes d'une cirrhose compensée, a déclaré au Liver Meeting le professeur Massimo Iavorone de hôpital Granda Ca à Milan.

Les personnes atteintes de cirrhose présentent des réponses sous-optimales aux vaccins contre le pneumocoque et la grippe. On dispose de peu d'informations sur la réponse vaccinale contre le SRAS-CoV-2 chez les personnes atteintes de cirrhose, car peu de personnes atteintes d’une maladie hépatique chronique ont participé aux essais cliniques.

Pour répondre à ces questions, des chercheurs italiens ont conçu une étude d'observation prospective visant à mesurer la réponse vaccinale chez tous les patients atteints de cirrhose pris en charge à l’hôpital Ca' Grande à qui on avait administré les vaccins à ARNm de Pfizer ou Moderna.

L'étude a mesuré le taux d'anticorps contre la protéine spike du SRAS-CoV-2 21 jours après la première vaccination, 21 jours après la deuxième dose et 133 jours après la deuxième dose. L'étude a également mesuré le taux de lymphocytes T spécifiques du SRAS-CoV-2 aux mêmes intervalles.

L'étude a recruté 182 personnes atteintes de cirrhose et 38 sujets témoins en bonne santé. 74% souffraient d’une cirrhose compensée.

15% des personnes atteintes de cirrhose et 31 % du groupe témoin avaient déjà eu la COVID-19. Les résultats ont donc été analysés en fonction du statut antérieur de COVID-19.

L'étude a révélé que les personnes atteintes de cirrhose sans antécédent de COVID-19 présentaient un taux d'anticorps nettement plus faible que celles du groupe témoin après chaque dose de vaccin. Les personnes ayant un antécédent de COVID-19 avaient un taux d'anticorps similaire à ceux du groupe témoin après chaque dose de vaccin.

Dans une analyse multivariable, un titre d'anticorps plus faible après la seconde dose était associé à un carcinome hépatocellulaire actif ou à une immunosuppression (traitement récent aux stéroïdes, lymphome ou VIH), tandis qu’un titre d'anticorps plus élevé était associé à l’administration du vaccin Moderna ou à un titre d'anticorps élevé après la première dose de vaccin.

Le suivi post-vaccination des 155 patients atteints de cirrhose 133 jours après la seconde dose a montré que quatre personnes sans antécédents de COVID-19 avaient contracté le SRAS-CoV-2. Toutes avaient eu une infection asymptomatique.

La protection du vaccin COVID-19 est "plus faible et plus lente" chez les personnes atteintes de cirrhose

Olena Yakobchuk/Shutterstock.com

Les personnes atteintes d’une cirrhose du foie peuvent mettre plus longtemps à atteindre une protection contre le SRAS-CoV-2 et contre les formes graves de COVID-19 après la vaccination, selon de grandes études menées aux États-Unis et au Chili, présentées lors du congrès.

Les informations concernant l'impact de la vaccination contre le SRAS-CoV-2 sur la prévention d’une forme grave de COVID-19 chez les personnes atteintes de cirrhose sont limitées, car les personnes atteintes d'une maladie hépatique chronique ont été exclues des essais cliniques sur les vaccins.

Deux grandes études ont fait état de l'impact clinique de la vaccination chez les personnes atteintes de cirrhose.

Binu V. John, de la faculté de médecine Miller de l'université de Miami, a présenté les résultats d'une analyse de la cohorte VOCAL qui suit environ 120 000 vétérans de l'armée américaine atteints de cirrhose et pris en charge dans le cadre du système médical VA.

Les résultats de l'étude ont également été publiés dans l'édition d'octobre du journal JAMA Internal Medicine.

L'étude a examiné la protection vaccinale contre l'infection et les formes graves de la maladie en surveillant quatre critères : un test PCR SRAS-CoV-2 positif 28 jours après la première dose de vaccin, un résultat PCR positif 7 jours après la deuxième dose de vaccin, et une hospitalisation ou un décès dû au COVID-19 28 jours après la première dose et 7 jours après la deuxième dose.

L'étude a apparié les personnes vaccinées avec Pfizer ou Moderna avec des sujets témoins en fonction de la date de vaccination, de l'âge, du sexe, de la race, de l'origine ethnique, des comorbidités, du statut de maladie du foie due à l’alcoolisme et du score de Child-Pugh.

L'analyse publiée a pris en compte les personnes atteintes de cirrhose vaccinées avec Pfizer ou Moderna jusqu'au 17 mars 2021, sans antécédents de COVID-19 ou de greffe hépatique. Au total, 20 037 personnes ont pu être incluses dans l'analyse et ont été appariées avec un sujet témoin non vacciné atteint de cirrhose.

Jusqu'à 28 jours après la première dose, il n'y avait pas de différence significative entre les participants vaccinés et non vaccinés en ce qui concerne l'infection par le SRAS-CoV-2, mais après les 28 premiers jours, l’administration d'une première dose de l'un ou l'autre des vaccins était associée à une réduction de 64,8 % de l'infection. Sept jours après la seconde dose de vaccin, l’administration de l'un ou l'autre vaccin était associée à une réduction de 78,6 % du risque d'infection.

Il n'y avait pas de différence dans le taux d’hospitalisation entre les personnes vaccinées et non vaccinées dans les 28 premiers jours après la vaccination, mais l’administration d'une première dose de vaccin était associée à une réduction de 100 % du risque d'hospitalisation ou de décès dû au COVID-19 plus de 28 jours après la vaccination, tout comme une deuxième dose.

Lorsque l'analyse a été limitée aux 3142 personnes atteintes de cirrhose décompensée, l’administration de la première dose de vaccin a été associée à une réduction de 50,3 % du risque d'infection plus de 28 jours après la vaccination et à une réduction de 100 % du risque d'hospitalisation ou de décès dû au COVID-19. Les investigateurs précisent que ce résultat doit être confirmé dans d'autres populations en raison du faible taux d’infections et d’hospitalisations (une infection dans le groupe vacciné et deux dans le groupe témoin après 28 jours, et une hospitalisation dans le groupe témoin).

Chez les personnes atteintes de cirrhose compensée, une première dose a réduit de 66,8 % le risque d'infection après 28 jours

Les chercheurs de l'étude soulignent que l'absence de protection contre l'infection pendant les 28 jours suivant la première dose contraste avec l'efficacité supérieure observée dans les essais cliniques des vaccins Pfizer et Moderna. Ils suggèrent que les personnes atteintes de cirrhose peuvent avoir une immunité humorale altérée ou retardée, soulignant l'importance du maintien des mesures préventives strictes contre l'infection jusqu'à la fin du cycle complet de vaccination.

Une enquête mondiale rapporte que le traitement de l'hépatite B et de l'hépatite C a diminué en 2020 en raison de la COVID-19

Pexels

Le taux de dépistage et de traitement contre l'hépatite virale a considérablement diminué en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19, selon une enquête menée auprès de 31 centres hépatiques sur cinq continents. Le déclin du dépistage et de l'initiation des traitements retarde les progrès vers l'élimination de l'hépatite C, a déclaré le professeur Maria Buti, de l'hôpital universitaire Vall d'Hebron, à Barcelone. Elle a présenté les résultats de leur enquête lors du congrès du Liver Meeting.

La pandémie de COVID-19 a conduit à de grosses adaptations dans les services médicaux, notamment des consultations en ligne, l'annulation des opérations chirurgicales et un minimum de soins médicaux non urgents en face à face dans de nombreux établissements. La pandémie a eu des effets variables sur les services. Dans le domaine du VIH, par exemple, les services de traitement en Europe ont été moins affectés que les services de dépistage du virus.

Pour évaluer l'impact de la pandémie sur la prise en charge de l'hépatite virale, des experts européens des maladies du foie ont conçu une enquête sur Internet, envoyée aux membres de l'Association européenne pour l'étude des maladies du foie (EASL), aux experts internationaux de l'hépatite et aux unités hépatiques en Europe.

Trente-sept centres hépatiques ont répondu (20 en Europe et 17 dans d'autres régions). 31 ont fourni des données détaillées.

L'étude a révélé que les consultations ambulatoires d’évaluation, les tests de dépistage des l'infections chroniques et les nouveaux traitements contre l'hépatite B et C ont tous diminué, ce qui représente un défi supplémentaire pour atteindre les objectifs d'élimination de l'hépatite virale d'ici 2030.

D'autres recherches seront nécessaires pour étudier les tendances à plus long terme en matière d'orientation, de dépistage et de traitement de l'hépatite virale, a déclaré le professeur Buti.

L’élimination de l’hépatite C : Au niveau mondial, moins de 25% des des hépatites C sont diagnostiquées

Jarun Ontakrai/Shutterstock.com

La prévalence mondiale de l'hépatite C a diminué depuis 2015, en partie grâce à l'intensification des traitements antiviraux à action directe. Cependant moins d'une hépatite C sur quatre a été diagnostiquée, ce qui empêche des millions de personnes de guérir de l'infection, a rapporté Sarah Blach, chef du groupe VHC au Center for Disease Analysis Foundation, lors du congrès.

Ces résultats proviennent d'une modélisation des épidémies d'hépatite C dans 110 pays, à partir des données publiées et non publiées sur la prévalence de l'hépatite C, la charge de morbidité et la cascade de soins, réalisée par le Center for Disease Analysis Foundation (La Fondation du Centre d'analyse des maladies ).

L'étude a été conçue pour évaluer les progrès mondiaux vers l'élimination de l'hépatite C depuis 2015.

L'estimation mondiale du nombre de personnes atteintes d'une infection virémique, ou chronique, de l'hépatite C montre que la prévalence a diminué depuis 2015, passant de 63,7 millions à 56,9 millions. Les chercheurs ont revu à la baisse leur précédente estimation de la prévalence de 2015 en raison de la mise à jour des estimations de prévalence pour l'Égypte, le Brésil et le Nigeria, ainsi que de nouvelles données pour la République démocratique du Congo, qui montrent toutes une prévalence inférieure aux estimations précédentes.

Depuis 2015, environ 7,5 millions de personnes ont contracté l'hépatite C; 5,5 millions de personnes atteintes d'hépatite C sont décédées et 8,8 millions ont été guéries par un traitement.

La prévalence de l'hépatite C est plus élevée en Europe de l'Est et en Asie centrale, ainsi qu'au Pakistan, où au moins 1,3 % de la population vit avec l'hépatite C. Cependant, cinq pays regroupent plus de la moitié des personnes atteintes de l'hépatite C : la Chine, l'Inde, le Pakistan, la Russie et les États-Unis.

L'initiation du traitement de l'hépatite C a atteint un pic en 2019, où environ 2,9 millions de personnes ont commencé un traitement, dont 1,9 million en Égypte. Plus d'un tiers de tous les traitements entre 2015 et 2020 ont eu lieu en Égypte.

La Fondation du Centre d'analyse des maladies prévoit qu'environ 1 million de personnes commenceront un traitement antiviral à action directe chaque année pour le reste de la décennie, ce qui n'est pas suffisant pour atteindre l'objectif mondial d'élimination de l'hépatite C. Cet objectif consiste à traiter 80 % des personnes éligibles d'ici 2030. Le Dr Blach a déclaré que pour atteindre l'objectif, 9 millions de personnes devaient être traitées chaque année jusqu'en 2030

Les personnes atteintes d'hépatite C ne seront pas traitées si leur hépatite n’est pas diagnostiquée. Les données nationales indiquent que moins d'une hépatite C chronique sur quatre a été diagnostiquée. Dans les pays à revenu élevé, environ 6 millions de personnes vivaient avec l'hépatite C en 2020. La Fondation du Centre d'analyse des maladies estime que 47 % d'entre elles ont déjà été diagnostiquées.

"Le faible taux de diagnostic et l'absence de programmes de dépistage à grande échelle restent un obstacle à l'élimination", a conclu le Dr Blach.

Le traitement de l'hépatite C aux États-Unis a diminué entre 2015 et 2020

De plus de 164 000 en 2015, le nombre de personnes traitées par un antiviral à action directe (AAD) pour l'hépatite C a régulièrement diminué, pour atteindre son point le plus faible pendant la pandémie de COVID-19, selon une étude des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) présentée lors de la conférence.

"Il est essentiel que le dépistage et le traitement de l’hépatite C atteignent un plus grand nombre de personnes pour sauver des vies et prévenir la transmission de cette infection mortelle, mais curable", ont déclaré les CDC dans un communiqué de presse.

Les CDC estiment qu'environ 2,4 millions de personnes aux États-Unis vivaient avec le virus de l'hépatite C entre 2013 et 2016.

Eyasu Tehale, des CDC, et ses collègues ont utilisé les données des demandes de remboursement des ordonnances pour estimer le nombre et les caractéristiques des personnes recevant un traitement depuis l'approbation des premiers AAD de nouvelle génération aux États-Unis, fin 2013.

Selon la base de données des demandes de remboursement des ordonnances d'IQVIA, 843 329 personnes ont commencé un traitement par AAD entre 2014 et 2020. Il s'agit d'une sous-estimation, car les données n’intègrent pas toutes les pharmacies de détail, de vente par correspondance et de soins de longue durée, ni le système de santé des anciens combattants. Environ 60 % des demandes concernaient des hommes.

Un peu plus de 109 000 personnes ont été traitées en 2014, avec l’augmentation de la disponibilité des AAD. Ce chiffre est passé à plus de 164 000 en 2015, ce qui reflète un arriéré de personnes en attente de traitements plus simples et plus efficaces. Entre 114 000 et 134 000 personnes ont été traitées chaque année de 2016 à 2019. Mais ce nombre est tombé à environ 84 000 en 2020, première année de la pandémie de COVID-19

Si environ 120 000 personnes, en moyenne, ont été traitées chaque année, ce chiffre est bien inférieur aux 260 000 personnes qui, selon les Académies nationales des sciences et de médecine, devraient être traitées chaque année pour éliminer l'hépatite C en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030.

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