Un traitement précoce et un taux de cellules T CD4 élevé sont associés à un réservoir viral plus faible
Ces résultats ont été présentés au 11ème congrès sur la science du VIH de la Société internationale du SIDA (IAS 2021).
Après l'infection initiale, le VIH établit très rapidement un réservoir persistant de virus inactif dans les cellules T CD4 quiescentes à longue durée de vie. Si les médicaments antirétroviraux peuvent contrôler la réplication virale, ils n'éliminent pas ces schémas viraux latents, qui peuvent relancer la production de virus dès l'arrêt du traitement - le principal obstacle à la guérison du VIH.
Dans une étude, les chercheurs ont comparé la taille du réservoir viral chez des personnes ayant commencé un traitement antirétroviral avec un taux de CD4 de 500-599, 600-799 ou plus de 800. Après trois ans de traitement, l'ADN total du VIH était plus faible chez les personnes qui avaient commencé le traitement lorsque leur taux de CD4 était supérieur à 800.
Dans une autre étude, une équipe de chercheurs a comparé la taille et la diversité du réservoir viral, ainsi que la sensibilité du VIH aux anticorps neutralisants à large spectre (bNAbs), chez des personnes ayant commencé un traitement antirétroviral à différents stades de l'infection. Les anticorps neutralisants à large spectre sont actuellement à l’étude pour traiter, prévenir et guérir le VIH
Les participants à l'étude ont été répartis en quatre cohortes en fonction du moment où ils ont commencé le traitement antirétroviral : stade I ou II de Fiebig (lorsque l'ARN du VIH et l'antigène p24 peuvent être détectés), stade III ou IV de Fiebig (lorsque les anticorps du VIH sont détectables pour la première fois), infection aiguë tardive (trois mois ou moins) et infection chronique (six mois ou plus). Les participants avaient pris un traitement pour une durée de trois à cinq ans et le taux de CD4 était élevé (entre 700 et 900).
Les chercheurs ont constaté que l'ADN total était plus faible dans les groupes Fiebig I-II et Fiebig III-IV et que la diversité virale était moindre chez les personnes ayant commencé le traitement pendant une infection aiguë plutôt que chronique. Les personnes ayant commencé le traitement plus tôt présentaient aussi généralement une plus grande sensibilité à l'elipovimab, un médicament à base de bNAb, actuellement en cours de développement.
Une troisième étude a porté sur le traitement antirétroviral précoce et le contrôle post-traitement - la capacité à maintenir la suppression virale après l'arrêt du traitement - chez 36 singes macaques atteints du VIS, l'équivalent du VIH. Le traitement antirétroviral a été initié à plusieurs stades et poursuivi pendant deux ans. Les singes ont ensuite été suivis après l'interruption du traitement pendant une durée de six mois à un an.
Le rebond viral (défini comme étant supérieur à 1000 copies/ml) s'est produit plus tard chez ceux qui avaient commencé le traitement dans les 28 jours suivant l’exposition par rapport à ceux qui avaient commencé le traitement après 6 mois. De plus, 82% des singes du groupe de traitement précoce ont atteint le contrôle post-traitement (défini comme une charge virale inférieure à 400) après l’interruption de traitement, contre 25% dans le deuxième groupe.
Un traitement plus court et moins toxique contre la tuberculose très résistante aux médicaments la guérit 9 fois sur 10
Un traitement de six mois par voie orale, limitant l'exposition au médicament toxique linezolide, atteint un taux de guérison élevé chez les personnes atteintes de tuberculose très résistante aux médicaments, a-t-on appris cette semaine lors de l'IAS 2021. Quatre-vingt-neuf pour cent des participants à l'étude étaient toujours exempts de tuberculose six mois après la fin du traitement.
La plupart des schémas thérapeutiques recommandés pour le traitement de la tuberculose multirésistante (TB-MR) doivent être pris pendant au moins neuf mois et certains jusqu'à 20 mois. En 2020, une étude a montré que la tuberculose hautement résistante aux médicaments pouvait être traitée avec succès par un traitement oral de six mois à base de bédaquiline, de prétomanide et de linézolide. Cependant, les effets secondaires graves dus au linezolide étaient fréquents chez les participants à l'étude.
Dans l'étude rapportée cette semaine, les participants ont pris soit une dose réduite, soit un traitement plus court au linezolide. Tous ont reçu de la bédaquiline et du prétomanide, et ils ont été répartis au hasard pour recevoir l'un des quatre traitements au linézolide : 1200mg par jour pendant 6 mois ; 1200mg par jour pendant 2 mois ; 600mg par jour pendant 6 mois; ou 600mg par jour pendant 2 mois.
L'étude a recruté des personnes atteintes de tuberculose ultrarésistante (41 %), des personnes atteintes de tuberculose multirésistante ayant présenté une résistance à une fluoroquinolone ou à un médicament antituberculeux injectable (47 %), des personnes pour lesquelles un traitement standard de six mois contre la tuberculose multirésistante (6 %) n’a pas marché, et des personnes atteintes de tuberculose résistante à la rifamycine qui ne toléraient pas le traitement standard contre la tuberculose multirésistante (5 %).
L'étude a recruté 181 participants en Géorgie, en Moldavie, en Russie et en Afrique du Sud. Les participants étaient principalement des hommes (67 %), 36 % étaient noirs et 20 % étaient séropositifs.
Il n'y a pas eu de différence significative en ce qui concerne l'échec du traitement : les résultats ont été favorables dans 93%, 88%, 90% et 84% des groupes d'étude respectifs, soit une moyenne de 89%. La fréquence des événements indésirables graves était plus faible dans le groupe qui avait pris 600 mg de linézolide pendant deux mois.
Le Dr Francesca Conradie a déclaré : "Les résultats de cette étude sont très rassurants. En réduisant la dose et/ou la durée du traitement au linezolide, nous pouvons toujours offrir aux patients une forte chance de guérison en six mois seulement."
Une deuxième étude portant sur un traitement de six mois par voie orale contre la tuberculose multirésistante a été interrompue en mars parce que le traitement expérimental s'est révélé supérieur au traitement de contrôle standard. Les résultats de l'étude portant sur un traitement à base de bédaquiline, de prétomanide, de 600mg de linezolide 600mg et de 400mg de moxifloxacine devraient être publiés dans le courant de l'année. Le sponsor de l'essai, Médecins Sans Frontières, espère que l'Organisation mondiale de la santé modifiera ses directives sur le traitement de la tuberculose multirésistante après avoir examiné les résultats.
La modélisation suggère que le cabotégravir injectable est beaucoup plus efficace que la PrEP orale quotidienne chez les femmes.
L'essai HPTN 084 a comparé l’innocuité et l'efficacité des injections bimensuelles de cabotégravir en PrEP (un médicament à prendre régulièrement pour prévenir le VIH) à la PrEP orale quotidienne à base de fumarate de ténofovir disoproxil et d'emtricitabine (TDF/FTC) chez plus de 3000 femmes cisgenres sexuellement actives, âgées de 18 à 45 ans, dans sept pays d'Afrique subsaharienne.
La phase en aveugle de l'essai a été interrompue en novembre 2020 après que des résultats intermédiaires aient montré que les femmes assignées au hasard à l'injection de cabotégravir avaient 89 % moins de risques de contracter le VIH par rapport aux femmes prenant des pilules quotidiennes de TDF/FTC. C’est la plus grande efficacité jamais observée dans un essai de PrEP pour les femmes. Alors que la PrEP quotidienne par voie orale a donné d'excellents résultats chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes, les études avaient montré qu'elle était moins efficace chez les femmes, en grande partie en raison d'une adhésion sous-optimale.
Il n'y a eu que quatre nouvelles infections parmi les femmes assignées au cabotégravir, contre 36 parmi celles assignées au TDF/FTC. Une nouvelle analyse a examiné ces chiffres de manière plus détaillée et a observé que les doses manquées expliquaient probablement toutes les infections, sauf deux.
Une étude distincte de modélisation mathématique a comparé les nouvelles infections au VIH chez les femmes prenant du cabotégravir injectable dans le cadre de l'étude HPTN 084 à un contrôle placebo hypothétique dérivé d'études antérieures. Cela permet d’estimer l'incidence attendue de nouvelles infections au VIH si aucune méthode de prévention biomédicale n'était utilisée.
Les chercheurs ont utilisé les données du groupe placebo d'un essai précédent, qui évaluait les pilules TDF/FTC et un gel vaginal au ténofovir. L’incidence placebo projeté était de 2,2 % pour la cohorte de l'étude HPTN 084. En comparant ce chiffre au taux d'incidence de 0,2 % du groupe cabotégravir, les chercheurs ont estimé que le cabotégravir injectable était efficace à 91 % pour prévenir le VIH par rapport à un placebo.
Un programme de recherche sur la prévention du VIH pour les personnes transgenres et de genres différents
On estime à 25 millions le nombre d'adultes transgenres dans le monde, avec une prévalence mondiale du VIH de 19 % chez les femmes transgenres, soit 49 fois plus que dans la population générale. Entre 2010 et 2019, le taux mondial d'incidence du VIH chez les femmes transgenres a augmenté de 5 %, manquant largement l'objectif de l'ONUSIDA d’une réduction de 75 % des nouvelles infections au VIH dans cette population clé d'ici 2020.
Les données sur le VIH concernant les hommes trans sont rares, tandis que les personnes non binaires, qui ne s'identifient pas nécessairement à un genre particulier, existent encore moins dans les statistiques.
Les auteurs du manifeste soulignent la nécessité d’une meilleure compréhension des facteurs contribuant à l'incidence du VIH, demandant que "les principaux moteurs de l'incidence du VIH chez les transgenres soient identifiés de manière exhaustive - y compris les facteurs biomédicaux, sociaux et structurels dans les différents pays et régions."
Ils appellent les études sur la prévention du VIH à améliorer l’inclusion des personnes transgenres et de genres différents, afin de faciliter l'analyse des résultats entre différents sous-groupes, et de mettre l’accent sur les préoccupations des personnes transgenres dans la recherche sur la prévention du VIH. Les auteurs soulignent le nombre limité d'études qui adhèrent actuellement à cette vision.
Les auteurs décrivent l'hormonothérapie d'affirmation du genre comme un aspect crucial de la santé et du bien-être de nombreuses personnes trans et soulignent le besoin de recherches plus approfondies sur les interactions entre l'hormonothérapie et les médicaments anti-VIH.
Un thème central au manifeste “No Data No More” est la nécessité d’avoir un leadership trans et un partenariat avec les personnes trans.
Une des auteures, Immaculate Mugo, a déclaré : "Pour que les programmes axés sur les trans soient efficaces, les personnes trans - qui reconnaissent les subtilités et les nuances qui sont souvent négligées - doivent être à la tête de l'action, guidant les analyses et les recommandations qui finalement modifieront la manière dont la recherche éclaire les politiques et les programmes".
aidsmapLIVE: Edition spéciale sur IAS 2021
Le lundi 26 juillet à 18h00 (BST), NAM aidsmap diffusera sur ses pages Facebook et Twitter une édition spéciale de aidsmapLIVE dédiée à IAS 2021.
Susan Cole et Matthew Hodson de NAM aidsmap débattront de l’actualité et des recherches présentées à l'IAS 2021 avec en invités : Dr Meg Doherty, directrice des programmes mondiaux sur le VIH, l'hépatite et les IST à l'Organisation mondiale de la santé; Dr Laura Waters, présidente de la British HIV Association ; Phelister Abdalla, coordinateur national de la Kenya Sex Workers Alliance ; et Dr Christoph Spinner, rapporteur de l'IAS 2021 et responsable de l'information médicale à l'hôpital universitaire Rechts der Isar, en Allemagne.
Analyses scientifiques de Clinical Care Options
Clinical Care Options est le fournisseur officiel d'analyses scientifiques en ligne pour la conférence IAS 2021 grâce à ces résumés de capsules, de diapositives téléchargeables, de webinaires rapides d'experts et des commentaires de ClinicalThought.
Clinical Care Options organisera trois webinaires interactifs en direct pour les professionnels de la santé spécialisés dans le VIH les 22 et 23 juillet. Le professeur Chloe Orkin (22 juillet à 13h00 Heure de l’Est, HE), le Dr Daniel R. Kuritzkes (22 juillet à 16h00 HE) et le professeur Babafemi Taiwo (23 juillet à 13h00 HE) feront une mise à jour rapide sur le congrès scientifique de l'IAS et répondront aux questions.